Économisez, qu’ils disaient
Le pic de « froid » ayant sévi en janvier (où les températures étaient quand même 10 degrés supérieures à celles de l’hiver 1985) a donné l’occasion à Vanessa, du « service clients de GEG » (Gaz et électricité de Grenoble) de m’écrire un mail pour me conseiller d’adopter les « gestes économes en énergie », afin d’ « éviter la coupure ». Vanessa me conseille donc d’éteindre les appareils en veille, de ne pas lancer de machine à laver entre 18h et 20h, d’éteindre la lumière dans les pièces inoccupées, etc. C’est sympa, Vanessa, merci de ces idées originales, mais je me posais quelques questions : quel genre de conseil as-tu donné aux grandes entreprises qui pompent toute l’électricité du coin ? Qu’est-ce que tu as suggéré à l’usine Arkema de Jarrie, qui consomme 100 mégawatts d’électricité, soit l’équivalent de la consommation d’une ville de 300 000 habitants (ça fait deux fois Grenoble, tu as remarqué) ? Le Daubé du 17 janvier nous apprend que ce site serait prêt à arrêter sa production pour éviter la pénurie, « en contrepartie de compensations financières » : que penses-tu de cette attitude éco-vénale ? Quel bon plan as-tu filé au site de STMicroélectronics de Crolles qui engloutit lui aussi des dizaines de mégawatts ? Tu lui as dit de faire tourner ses fours RTP (« Rapid thermal processing » passant en une seconde de 400°C à 1000°C et inversement) en heures creuses ? À STMicro, ils ne semblent pas prêts du tout à arrêter leur production : ils préfèrent que toutes les Vanessa des services clients du monde entier conseillent aux pékins moyens de recharger les portables qu’ils contribuent à fabriquer en dehors des heures de surchauffe. J’attends tes réponses, Vanessa : envoie-moi un courrier postal plutôt qu’un mail, c’est plus économe en énergie.
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