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Drones : un envol et un crash
Une activité dronement riche dans la cuvette : juste avant l’été, une nouvelle start-up grenobloise, Squaredrone, a annoncé qu’elle allait développer un « drone intelligent » pour les sportifs. Hexo+ - c’est son nom - c’est un peu la GoPro en mieux : le drone pourra suivre les sportifs « de l’extrême » (skieurs, VTTistes, motards, etc) à la trace via leur smartphone et filmer leurs prouesses avec des angles inédits. Quelle bonne idée ! On imagine déjà comment ce joujou devrait pousser tout un tas d’abrutis à prendre encore plus de risques pour avoir leur moment de gloire sur Youtube et comment la police pourrait récupérer cette « innovation » pour pister les malfaiteurs et les contestataires. L’imaginaire d’Orwell commence à être sérieusement has-been. Et le pire, c’est que ça marche : la start-up, également installée dans la Silicon Valley, est parvenu à récolter, lors d’une « campagne de crowdfunding » (financement communautaire sur internet), 50 000 euros en 37 minutes et 1,3 millions d’euros en 30 jours. Tout ce qu’on peut leur souhaiter, c’est d’avoir un destin similaire à Delta Drone, autre start-up grenobloise (voir Le Postillon n°21) né il y a deux ans dans l’enthousiasme général du techno-gratin local. Les dizaines d’articles élogieux dans la presse locale sur cette société innovante ont laissé la place à un silence gêné. Et pour cause : Delta Drone semble en plein crash. Les dirigeants se sont embrouillés avant l’été, entraînant le départ du fondateur Frédéric Serre ; l’action de la société en Bourse a chuté jusqu’à atteindre 1,3 euro ; la direction vient d’annoncer le licenciement de la moitié des 70 salariés et l’arrêt de plusieurs contrats de prestations et de sous-traitance (selon Trading sat, un site consacré à la Bourse). Si seulement le destin de tous les drones pouvaient être le crash.