Do you love Gre ?
Ils auront été la nouveauté du Cabaret Frappé 2009 : des jeunes, en groupe, vêtus de tee-shirts bleus estampillés « I love Gre » d’un côté et « tranquil’été » de l’autre, déambulant, un peu perdus au milieu des mondanités du Jardin de Ville. Embauchés par la Mutuelle des Etudiants (LMDE), mais salariés par la ville de Grenoble, ils ont pour mission de ramener le calme au centre-ville en raisonnant les fêtards. « Les messages porteront sur les risques et dommages liés aux conduites à risques. D’abord d’un point de vue individuel avec les consommations excessives de produits psychoactifs (alcool, drogues), les relations sexuelles à risques et les accidents. Puis aussi d’un point de vue collectif avec les nuisances sonores très mal vécues par les habitants, les agressions, la propreté, les dégradations, etc. ». Une « opération-test » pour la mairie qui, en cas d’échec, envisage la fermeture du Jardin de Ville face aux lamentations de certains habitants et de leurs unions de quartier, qui considèrent qu’il est devenu « une zone de non-droit » (comprendre : un endroit où traînent des « marginaux » et « vagabonds »).
« En fait, on ne fait rien contre les tapages nocturnes, nous assure un des jeunes recrutés, notre rôle c’est juste de faire de la prévention alcool/drogues/sexe pour les étudiants. La ville dit qu’on est là pour lutter contre le bruit mais on est pas du tout formé pour cela. La mairie veut montrer qu’elle apporte une réponse aux plaintes des habitants qui se plaignent des jeunes fêtards. Son problème c’est qu’à cause du bruit le centre-ville est peu à peu déserté par les familles, remplacées par des étudiants. Or les étudiants, ça dépense moins que les familles alors les commerçants ne sont pas contents et l’intérêt de la mairie c’est de faciliter le commerce (...) De toute façon on ne va pas voir la majorité des personnes bruyantes qui ne sont pas étudiantes et plus âgées. Ce serait quand même délicat à 20 ans d’arriver vers un mec bourré de 35 pour lui dire de fermer sa gueule (…) Donc nous on ne va voir que les jeunes pour faire de la prévention et puis aussi un peu de promotion de la ville avec le « I love Gre » parce que la mairie trouve que les étudiants, comme ils vont et viennent, ne sont pas assez attachés à leur ville. Ils veulent insuffler la fierté d’être Grenoblois. »
Après une pause au mois d’août, les « Tranquil’été » déambulent de nouveau dans les rues grenobloises en septembre et octobre. Leur seul résultat tangible risque bien de doper la vente des « I Love Gre » nouveaux tee-shirts à la mode surfant sur le chauvinisme de base, se retrouvant, après être nés à New-York, dans la majorité des grandes villes.