Édito
Cinq euros, mais sans QRcode
À l’heure où les masques tombent peu à peu, nous doublons la dose de postillons pour tout le monde avec ce double-numéro-d’été-bonus-hors-série-montagne-offre-exceptionnelle. Forcément tout ce papier imprimé en plus a un coût (sans même parler du boulot pour remplir les pages, hé !), alors on profite habilement de l’occasion pour vous faire raquer plus : cinq euros au lieu de trois [1]. Par contre, en dehors de la caillasse, on demande rien d’autre : vous pouvez lire notre canard avec ou sans pass sanitaire, avec ou sans vaccin, avec ou sans test PCR. Faire quelque chose sans être potentiellement fliqué : ça devient rare en ce moment, et ça vaut bien cinq balles. Où on devient complètement incohérent, c’est que ce hors-série est cadeau pour nos abonnés alors qu’on n’arrête pas de répéter qu’on ne veut pas favoriser l’abonnement. Nous, on préfère que celles et ceux qui le peuvent aillent acheter notre canard en tabac-presse parce qu’on mise sur ce cercle vertueux : plus le journal existe dans l’espace public, plus des personnes peuvent tomber dessus par hasard. En faisant un cadeau aux abonnés, on se sent donc un peu dans la peau d’un élu macroniste, répétant qu’il ne veut pas favoriser les riches tout en manigançant pour les enrichir. Si des abonnés veulent alléger notre dissonance, qu’ils n’hésitent pas à aller acheter un numéro au tabac du coin et à l’offrir à n’importe qui – amie ou inconnu.
Alors qu’on relit ce numéro, on se rend compte une fois de plus qu’il est pas mal rempli de sujets « plombants » (le hors-série, lui, est par contre très aérant). Souvent des lecteurs nous reprochent de les « déprimer ». Sachez qu’évidemment ce n’est pas notre but, mais qu’on compose avec le monde tel qu’on l’observe. De fait, on aimerait raconter plus d’histoires qui, à défaut d’être « positives », soient au moins plus étonnantes que tristes. Et c’est là que vous pouvez intervenir, en nous faisant remonter des sujets – et pas seulement des « plombants » comme c’est souvent le cas. Alors tendez bien l’oreille et n’hésitez pas à nous écrire – mais pas trop quand même, sinon on va encore être obligé de faire payer plus cher le numéro de la rentrée [2].
Notes
[1] Pour les désargentés, n’hésitez pas à nous contacter : on peut toujours s’arranger,
et même jusqu’à la gratuité.
[2] À la rentrée ça revient à trois euros juré craché.