Bouchayer-Viallet : grâce aux sols pollués, bientôt une pente à Grenoble !
L’innovation n’a pas de limite dans la cuvette : les promoteurs du futur quartier Bouchayer-Viallet ont décidé de créer la pente qu’il manquait à Grenoble, pour qu’elle ne soit plus « la ville la plus plate de France ». Comment ? De par ses anciennes activités industrielles (avec les établissements Péchiney, Cémoi, Jay et Jallifier, Bouchayer-Viallet...), le sol du site est lourdement pollué. Un document de la Ville de Grenoble, datant de 2004, nous apprend ainsi que « les différents échantillons analysés ont très souvent révélé la présence de métaux lourds. Aussi, les concentrations en arsenic, plomb, chrome total, cuivre et nickel des différents prélèvements dépassaient régulièrement les Valeurs de Définition Sol Source (VDSS). (…) Les risques induits par la présence de métaux lourds, sur les hommes mais également sur l’environnement ne sont pas à l’heure actuelle compatibles avec l’usage futur du site et de son environnement. C’est pourquoi différentes mesures seront prises, notamment divers travaux de dépollution ».
Mais la dépollution des sols coûte cher, très cher. Trop cher pour la SEM (Société d’Économie Mixte) Innovia, qui a en charge l’aménagement du quartier. Le problème, c’est que des milliers de m3 de terre ont été – et vont être – sortis du sol pour la réalisation des fondations des bâtiments et des parkings. Si la SEM les fait sortir du site de Bouchayer-Viallet, elle doit les faire dépolluer, donc payer. Alors elle a décidé de laisser, sur le site, toute la terre polluée extraite du sol. Pour l’instant on peut observer d’énormes tas (voir photo), en attente d’une dépollution artisanale, à coups d’air pur et d’eau de pluie. Mais que faire de ces milliers de m3 à terme ? Une pente. Non, on ne rigole pas : selon nos informations, le sol du futur quartier Bouchayer-Viallet ne sera donc pas plat comme le reste de Grenoble. Sur les 14 hectares du site, une légère pente permettra de se rendre de la rue Ampère à... l’autoroute. Curieusement, on n’a encore entendu aucun promoteur du futur « Écoquartiers d’affaires » se vanter de cette innovation « nickel-chrome ». Auraient-ils pété un « plomb » ? En tous cas, on se demande ce qu’il y a sous les jeux d’enfants de la Caserne de Bonne...