Accueil > Décembre 2017 / N°43

Voitures électriques : une innovation ratée

Le 13 septembre 2014, Le Daubé se demandait si l’I-Road serait la « voiture du futur » ? Trois ans plus tard, la réponse s’impose : non. L’I-Road, vous savez, c’est ces « voiturettes 100 % électriques », ces petits machins sur trois ou quatre roues qui ont poussé dans Grenoble en 2014. Soixante-dix véhicules répartis surtout dans des endroits « dynamiques » de la ville, pour que les cadres puissent aller de la Presqu’île scientifique au campus en ayant la bonne conscience de celui qui croit ne pas polluer.
Malgré les dizaines d’articles de presse enthousiastes, cette « expérimentation » menée par Toyota, CitéLib, EDF, la Métro et la Ville de Grenoble, va s’arrêter piteusement au bout de trois ans et après avoir attiré à peine 1 500 utilisateurs, selon les chiffres officiels, invérifiables. Les élus adeptes de « transparence » n’ont bizarrement pas communiqué les sommes d’argent public dilapidées dans cette opération public-privé : avant l’opération, on parlait d’au moins 120 000 euros pour la Ville et 120 000 pour la Métropole (20 minutes, 06/03/2013). Pour essayer de changer les mobilités des riches, les collectivités locales sont toujours généreuses : l’année dernière, l’opération « deux mois sans ma voiture » offrait des abonnements aux transports en commun ou aux Métrovélos aux personnes qui abandonnaient leur voiture pendant deux mois. Pendant ce temps, tous ceux qui n’ont pas les moyens de se payer une voiture continuaient à payer leur ticket de tram.
Pour revenir à ces voiturettes électriques, les élus ont tenté de masquer ce foirage complet avec des grandes phrases : « On ne gagnera pas le combat climatique si on ne se préoccupe pas de l’avenir de la mobilité », pérore Jacques Wiart, conseiller municipal pour les logistiques urbaines. Le « combat climatique » ne se gagnera certainement pas non plus grâce aux véhicules électriques, dont la pollution (batteries, recyclage, fonctionnement) est plus insidieuse que celle des véhicules à essence mais non moins réelle. Et si l’adage populaire affirme que « celui qui ne fait rien ne se trompe jamais », le président de Grenoble-Alpes Métropole Christophe Ferrari s’est fendu d’un « celui ou celle qui n’expérimente rien, ne progresse jamais » (Place Gre’net, 17/10/2017). Mollo, l’apprenti. Avec les voitures électriques, on n’assiste pas en ce moment à de gentilles « expérimentations » mais à un lobbying acharné pour remplacer la voiture individuelle à pétrole par un fléau équivalent. Celui qui ne veut rien comprendre ne progresse jamais.