Accueil > Printemps 2019 / N°50
Game of drones
Un financier qu’on aimerait voir s’écraser en plein vol
Delta Drone est une entreprise d’origine grenobloise qui fabrique des drones. Enfin, c’est ce qu’on croyait, parce qu’on gobait bêtement les articles de presse reprenant les communiqués de la boîte. Mais la presse économique est une des plus grosses productrices de fausses nouvelles (fake news en globish).
En fait, Delta Drone n’est plus qu’un instrument financier très rentable, ne produisant rien si ce n’est de la spéculation. Le Postillon vous propose un voyage dans le monde des drones policiers, de la Bourse et des gigantesques magouilles financières autorisées par la loi.
Tout commence par un mail au journal : « En cherchant à me documenter sur la société Techni Drone implantée à Pornic, je suis tombée sur vos articles à propos de Delta Drone. Je pense que l’association avec des sociétés de sécurité vous intéressera. » En pièces jointes, des extraits d’articles de presse (du Figaro et de Trading Sat) expliquant que la société Delta Drone travaillait à la « dronisation » du secteur de la sécurité, après avoir assuré la sécurité de grands évènements comme le Forum de la paix à Paris en novembre 2018, ou en prenant en charge la surveillance du site de Soitec.
« Et voilà, je l’avais bien dit, on y est aux drones policiers. » Ça a été ma réaction. Il y a six ans, j’avais écrit un long papier sur Delta Drone, qui était alors une PME grenobloise en plein boom. À l’époque, Frédéric Serre, son président, jurait ses grands dieux vouloir vendre des drones uniquement pour des applications civiles (inspection industrielle, surveillance des carrières ou des réseaux électriques) mais jamais pour des débouchés policiers ou militaires. J’étais un peu sceptique et j’avais étalé mes doutes : « Comment ne pas imaginer, que dans quelques années, l’entreprise grenobloise se mette à louer ses drones à la police ou aux autorités locales pour survoler les villes ? Si c’est un marché porteur, qu’est-ce qui pourrait pousser ses dirigeants à ne pas le faire ? »
Ces questionnements m’avaient valu un courriel énervé d’Edouard Schoene, alors adjoint communiste à la culture de Fontaine et ami de l’entrepreneur Frédéric Serre. « Ce que je trouve franchement malhonnête c’est de faire un procès d’intention à Frédéric Serre. En effet, vous fustigez (et je suis totalement d’accord avec vous) les drones destinés au renseignement, aux usages militaires et vous condamnez Frédéric Serre parce qu’un jour ou un autre il irait en dehors de ce pour quoi la société a été créée. (…) Les procès d’intention sont détestables ! Rien ne permet d’accuser Frédéric Serre de projets de drones militaires policiers. »
Depuis 2014, Frédéric Serre n’est plus président de Delta Drone. Et la société qu’il a créée se positionne maintenant sur les marchés policiers. J’ai donc ré-envoyé un mail perfide à Edouard Schoene avec une petite remarque modeste : « Comme d’habitude j’avais raison. » Je comptais en rester là, faire une brève dans Le Postillon, et basta. Mais Edouard Schoene a voulu à tout prix que je rencontre son ami Frédéric Serre pour qu’il m’explique tout.
Un financier prend le pouvoir
« Les articles sur Delta Drone qui fait de la surveillance avec des drones, c’est du pipeau. » J’ai eu du mal à comprendre ce que me racontait Frédéric Serre. Faut dire aussi qu’il m’a fait plonger dans une terre inconnue, le monde de la Bourse, où les apparences ont bien plus d’importance que la réalité. Car Delta Drone est cotée en Bourse depuis juin 2013. Le début des emmerdes pour Frédéric Serre.
Après avoir déposé les brevets pour monter Delta Drone, Frédéric Serre devait trouver de l’argent. Une connaissance lui fait rencontrer un investisseur lyonnais, Christian Viguié. « Au début ce mec était fabuleux, idéal en tant qu’associé. Il avait pas du tout le look d’un financier. À la fin du premier rendez-vous, il met 500 000 euros. En plus il s’investit dans du travail administratif et financier sans être payé. Tout est génial. » Frédéric Serre se concentre sur la partie technique, la fabrication des drones, et laisse petit à petit du pouvoir à Christian Viguié, qui devient codirigeant. « Il a été de plus en plus présent. Il a voulu changer d’avocat, de commissaire aux comptes, d’expert-comptable et a embauché d’anciens acolytes. Et puis un jour, il me dit qu’il était temps de faire l’introduction en Bourse. Moi j’y connaissais rien, mais il m’a rassuré en disant qu’il s’occupait de tout. Je lui ai fait confiance. »
À cette époque, la boîte qui compte une soixantaine de salariés, a mis au point deux drones différents, mais ne vend encore rien. Les marchés auxquels Delta Drone s’attaque sont des marchés publics où les décisions mettent beaucoup de temps à être prises. Malgré les articles dithyrambiques dans la presse sur cette « jeune pousse grenobloise », malgré le soutien appuyé de la député Fioraso, le modèle économique est très loin d’être trouvé. « C’était Viguié qui s’occupait du commerce. Mais les ventes n’ont jamais été au rendez-vous parce qu’il était obnubilé par l’entrée en Bourse et qu’il ne s’y est pas bien pris, se souvient David (1), un ancien salarié. Au début il était très sympa, toujours prêt à nous conseiller. Mais dès que l’introduction en Bourse a été faite, ça n’a plus été la même personne. »
Mentir pour avoir une réputation
Les premières semaines, l’action ne décolle pas vraiment. Le 22 octobre 2013, Frédéric Serre est invité sur BFM Business. « J’ai eu de graves problèmes dans ma famille, alors ça faisait quatre mois que je ne m’occupais pas trop de Delta Drone. Juste avant d’aller sur le plateau, j’ai donc appelé Christian Viguié pour savoir ce que je devais dire. Il m’a convaincu d’annoncer un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros pour l’année suivante. »
Frédéric Serre s’exécute et annonce ce chiffre sur BFM Business, en s’enflammant : « Le drone, c’est la quatrième révolution technologique après la micro-informatique, le téléphone mobile et internet. (…) Ce qu’il y a de fou, c’est qu’en France on est le seul pays qui ait l’autorisation de faire ses drones. À Delta Drone, ça fait deux ans et demi qu’on travaille sur ces sujets, les Américains ouvriront leur ciel dans deux ans. Ça veut dire qu’on va arriver sur un marché mondial dans deux ans avec quatre ans d’expérience. On est dans un contexte phénoménal. » Pendant les huit minutes que dure son interview, le titre Delta Drone s’envole en Bourse, les actions passant de 7 à 21 euros. « C’était l’euphorie, se souvient Frédéric Serre. Mais ça a été le début de la fin pour moi. Christian Viguié a complètement changé d’attitude. Il ne répondait plus à mes mails, ne me parlait plus. J’étais un faire-valoir, je devais servir à avoir une réputation. Mais suite à l’envol du titre il a dit à un conseil de surveillance “la réputation suffisante a été atteinte”. Donc je ne servais plus à rien. »
L’envol du cours en Bourse est très bref et fait rapidement place à la décrue. C’est que Delta Drone n’a toujours pas de véritables débouchés économiques. Au lieu des 10 millions annoncés sur BFM Business, la boîte grenobloise réalise 900 000 euros de chiffre d’affaires en 2014. Onze fois moins ! Mais ce n’est pas grave pour Christian Viguié, qui détient maintenant un instrument financier.
Pendant les mois suivants, il prend entièrement le contrôle de l’entreprise. « Il a racheté et fait racheter beaucoup d’actions pour prendre la majorité des voix, analyse Émeric (1), également ancien salarié. Et puis il s’est attelé à nous mettre dans une situation financière difficile pour justifier son coup d’État. Les cofondateurs ne se préoccupaient que de la technique et ont été très naïfs sur les questions de la Bourse et de la finance. À un moment, les salaires ne pouvaient plus être payés, on était à la limite du dépôt de bilan. »
En juin 2014, Frédéric Serre, poussé à la démission, s’en va en empochant quand même plusieurs centaines de milliers d’euros (depuis il fait du business dans la réalité virtuelle). En septembre 2014, 37 salariés sont licenciés, suite à un plan social d’abord refusé par l’inspection du travail puis étrangement accepté une semaine plus tard. Les quatre anciens salariés interrogés en gardent un souvenir très amer : « J’ai mis du temps à m’en remettre. C’était l’entreprise où je m’étais senti le mieux, et tout son potentiel a été gâché, lâche Pauline (1). Au début Christian Viguié était sympa, et puis il a appliqué des méthodes de management pas loin du harcèlement. »
En octobre 2014, il ne reste plus qu’une trentaine de salariés. Quelques autres sont licenciés au printemps 2015. « Il s’est débarrassé de quasiment tous les Grenoblois, ceux qui bossaient sur la technique, explique David. Il a gardé par contre toute sa bande, qui s’occupe plus de l’administratif et du commerce, et qui sont basés dans la banlieue lyonnaise, à Dardilly. »
La bourse, c’est la vie
Depuis, Delta Drone n’a pas réembauché d’ingénieurs ni de techniciens. Si l’entreprise ne fabrique plus de drones car « la réputation suffisante a été atteinte » suite à l’intervention sur BFM Business, elle est par contre assez active dans les opérations financières.
« La Bourse, c’est une autre planète, se désole Emeric en tentant de m’expliquer ces opérations. En 2014, il n’y avait plus du tout d’argent, mais Christian Viguié a trouvé un fonds d’investissement pour faire un prêt à la société de 10 millions d’euros, en actions convertibles. Au bout de six mois, il dit qu’il ne peut pas rembourser, donc c’est converti en 10 millions d’actions, qui sont vendues à des petits porteurs. Lui et ses amis en récupèrent une partie, les revendent et se font de l’argent comme ça. »
Cette opération, répétée plusieurs fois depuis, est-elle légale ? « J’en sais rien. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de monde ne comprend rien. Viguié et ses amis organisent des coups, vendent plein d’actions juste avant une mauvaise nouvelle pour l’entreprise et donc une chute du cours, puis en rachètent quelques temps après juste avant une bonne nouvelle. »
En 2018, la société Delta Drone a été condamnée par l’autorité des marchés financiers (AMF) à 100 000 euros d’amende, et deux autres anciens administrateurs à 200 000 et 400 000 euros d’amende pour avoir trop joué avec les règles des marchés financiers en 2014. Il leur est reproché d’avoir fait un « manquement d’initié », en gros d’avoir vendu plein d’actions alors qu’ils savaient que la situation financière de la boîte était catastrophique, mais ils ne l’avaient pas dit. « Mais celui qui a eu à payer 400 000 euros, c’est Pierre Tourette, un résident suisse pote de Christian Viguié. Comme il n’est pas français, et que l’AMF a une compétence uniquement française, il n’est même pas obligé de payer cette amende », déplore Emeric. Olivier, un entrepreneur grenoblois ayant croisé la route de Delta Drone renchérit : « Depuis ils ont refait plusieurs fois le même coup. Or, il y a eu juste cette sanction et Christian Viguié n’a jamais été inquiété. »
Il faut dire que Christian Viguié est quelqu’un de bien intégré dans le monde de la finance. En dehors de multiples aventures industrielles, il a également été pendant longtemps professeur à la Sfaf (Société française des analyses financières), une sorte d’école pour traders et requins de la finance. Olivier analyse : « En fait ça marche comme dans les quartiers, c’est toute une organisation avec des “mulets”, ces personnes non repérées qui transportent de la drogue pour de grands trafiquants. Là c’est pareil, comme Christian Viguié n’a pas le droit, en tant que président de Delta Drone, d’acheter et vendre des actions avant les bonnes ou mauvaises nouvelles, il le fait faire à ses amis qui ne sont pas administrateurs. Il connaît très bien les règles de l’AMF, alors il est toujours à la limite du légal. » La plupart des actes « légaux » dans le monde de la finance ne sont pas pour autant moraux.
Un chiffre d’affaires bien loin des drones
S’enrichir grassement en Bourse, c’est bien joli, mais sinon que fait Delta Drone ? Pour donner à des gens l’envie d’investir, il faut bien avoir un chiffre d’affaires. Or, presque toute l’équipe technique s’occupant de la production de drones a été virée. Aujourd’hui, en dehors de ceux bossant dans les bureaux de Dardilly, il reste cinq personnes à Moirans. « Ils font encore quelques expérimentations pour faire croire qu’ils font du drone » croit savoir Émeric. « J’ai encore des amis qui y travaillent, assure David. Mais ils restent juste parce qu’ils ont un salaire pas trop mal. Parce que sinon ils ne voient pas le sens de leur boulot et sont dépités. La plupart du temps, ils n’ont rien à faire ou alors ils achètent un drone produit ailleurs, un DJI, et puis adaptent une caméra ou une charge utile dessus. »
David analyse : « Au début, les start-ups vendent du rêve, c’est normal. Elles disent savoir faire des choses qu’elles sont pas capables de faire, mais ça fait partie du jeu. Mais Delta Drone ça fait quand même huit ans que cette boîte existe, et ils ne vendent toujours aucun drone... » Ce qui n’a pas empêché la boîte de toucher plus de 500 000 euros au titre du CIR (crédit impôts recherche) ou d’avoir reçu fin 2016 la qualification « Entreprise innovante » par la BPI (banque publique d’investissement) pour une durée de trois ans, ceci octroyant quelques exonérations fiscales et sociales. Une grande farce quand on sait que la seule « innovation » que fait Delta Drone, c’est de la manigance boursière.
Pour afficher un chiffre d’affaires, Delta Drone a donc racheté de multiples sociétés ces dernières années. Certaines sont dans le domaine du drone (Techni Drone, Pixel, Rocketmine, Fly’n Sens, Donècle), d’autres pas du tout : MTSI Hydrogéosphère, rachetée en 2014, s’occupe de géometrie quand Aer’Ness Security est une boîte de vigiles œuvrant dans la sécurité « classique ».
Et c’est là où l’on revient à notre point de départ. Frédéric Serre nous explique l’entourloupe : « En fait, pour faire la sécurité du site de Soitec ou du forum de la paix à Paris, c’est cette société de vigiles qui est embauchée. Ils réalisent une vidéo avec un drone qui vole, font un communiqué de presse, et ça donne les articles que vous avez lus, qui peuvent faire croire que des drones volent en permanence au-dessus du site. Mais allez-y, vous verrez qu’il n’y en a pas un seul. En fait c’est de la sécurité classique, avec de simples vigiles. »
En dénonçant les « drones policiers », j’avais tort. À moitié seulement hélas : la macronie est en train d’en mettre en place dans les rues pour surveiller les manifestations. L’envahissement progressif des drones « civils » et « de loisirs », nouvel outil indispensable pour les clips de rappeurs et les balades branchées en montagne, a habitué peu à peu la population à voir voler ces mouchards potentiels. Comme les caméras de vidéosurveillance, la présence de drones policiers au dessus des manifs ne choquera bientôt plus grand monde.
Mais faut bien avouer que c’est pas Delta Drone qui les fabriquera. Il n’y a rien d’éthique dans ce choix : il est guidé par le seul intérêt financier. Autant les business « innovants » sont généralement ineptes, autant les magouilles financières sont carrément sordides.
Misère du journalisme économique
Ne comptez pas sur les journalistes économiques pour vous expliquer les entourloupes de Delta Drone : ils reprennent bien sagement les communiqués de presse, sans trop poser de questions. On parle beaucoup de fausses nouvelles en ce moment, en les associant souvent uniquement aux rumeurs d’internet. Mais un gros pourvoyeur de fausses nouvelles est la presse économique, remplissant des journaux et des sites entiers en se basant essentiellement sur la propagande des entreprises, sans jamais chercher à vérifier les informations publiées. Et voilà comment, nous, simples mortels ne connaissant rien aux marchés boursiers, nous retrouvons à patauger dans les BSA (bons de souscription d’actions), les fonds spéculatifs, les obligations convertibles, l’effet de cliquet et les cours d’actions. Cela fait des années que Delta Drone ne vit que de la spéculation, mais il n’y a pas eu un seul journaliste économique pour l’écrire clairement.
Ces relais serviles font même partie intégrante de la stratégie d’entreprises comme Delta Drone, qui génèrent beaucoup de spéculation uniquement sur l’apparence. Quand j’ai voulu poser des questions à Delta Drone, la chargée de communication m’a répondu : « nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à notre société. Cependant, n’ayant pas d’actualités à vous communiquer pour le moment nous gardons précieusement vos coordonnées et nous vous recontacterons dès que nous aurons une occasion intéressante pour vous. (2) » Ces gens-là acceptent de répondre à des questions uniquement s’ils ont des « actualités » à communiquer. Le fait qu’on puisse s’éloigner de leur communiqué de presse ne leur effleure même pas l’esprit.
Chaque « actualité » (résultat financier, annonce de rachat d’une entreprise) permet de faire monter l’action. Et tant pis si les plans sociaux se sont enchaînés dans les sociétés de drone rachetées, pour la plupart dissoutes depuis. Les acheteurs d’actions croient que Delta Drone œuvre toujours dans le domaine du drone. Sur le forum Boursorama dédié à Delta Drone, les posts s’enchaînent sur l’opportunité ou non d’investir dans cette société. Les discussions tournent essentiellement autour du marché du drone à venir, qui serait prometteur. Le 20 mars, annick90 s’émerveille : « Notre ministre de l’intérieur, M Castagneur (sic), va relancer le marché du drone pour mieux surveiller les manifs : il faut compter sur 1 drone par préfecture et par sous-préfecture + former les “pilotes”. Si avec ça l’action reste clouée au sol... »
D’autres petits porteurs sont plus lucides. Le 6 mars, Gunzy s’emballe en décrivant toutes les magouilles boursières très techniques faites par le PDG de Delta Drone : « Viguié est un financier à la base, pas un droniste, personne ne me fera croire qu’ il ne l’ a pas vu venir, c’est un fossoyeur de petits porteurs. » Un certain mousse61 lui répond : « Sa place est derrière les barreaux, ça ne vaut pas plus un type comme ça et encore il faudrait le nourrir et nous coûterez (sic) encore des sous ».
(1) Les prénoms ont été modifiés.
(2) Le directeur marketing de Delta Drone nous a finalement recontactés pour nous donner le numéro de Christian Viguié. Le message laissé sur son répondeur est resté sans suite. Le mail de relance également.
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Les magouilles de la haute société
Delta Drone reste toujours considérée et soutenue par plein de gens très sérieux. Parmi les administrateurs, on trouve Anne Trotoux-Copperman, directrice de la communication de Polytechnique (qui faisait auparavant le même job aux Échos) ; Bruno Pavlovsky, sous-directeur de chez Chanel ; Pierre Conte, ancien directeur adjoint du Figaro ; Jacques Rivoal, président du directoire de Volkswagen. Tous ont fait de grandes études, Sup de Co, MBA de la Harvard Business School, Ecole Polytechnique, IEP de Paris. Tous font partie de la haute société, celle qui doit s’horrifier devant une vitrine cassée ou un gros mot balancé pendant une manifestation de gilets jaunes. Avec Delta Drone, ils cautionnent des magouilles financières bien plus immorales, froidement réfléchies par un financier sans scrupule.
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Mare Nostrum sur la même voie ?
En octobre dernier, Delta Drone a annoncé la création d’un « campus de formation dédiés aux métiers dronisables » en partenariat avec Mare Nostrum, petite entreprise grenobloise spécialisée dans le travail temporaire. En février dernier, son PDG a annoncé son intention de coter sa société en Bourse. « Ce choix de passer, aujourd’hui, par la bourse pour nous développer est d’abord une histoire de rencontre, explique Nicolas Cuynat, PDG. Je suis associé sur un projet, depuis un peu plus de trois ans, avec une entreprise cotée. Par cette expérience, par cette relation, j’ai entendu, appris et j’ai eu envie de tenter cette aventure. […] » Qui est-ce qui aurait bien pu lui conseiller d’aller magouiller en Bourse ? Tiens donc, parmi les administrateurs de Mare Nostrum se trouve un certain Christian Viguié, le patron de Delta Drone… Nicolas Cuynat se fera peut-être un jour évincer de sa boîte, comme Frédéric Serre. Il lui restera pour se consoler les 17 autres sociétés dont il est dirigeant. Sûrement autant de belles « histoires de rencontres ».
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