« Rien n’est plus précieux que la vie d’un enfant » mais faut pas qu’elle coûte trop cher au conseil général
L’annonce faite par le conseil général de l’Isère de supprimer 300 places en foyers dans le cadre de la protection de l’enfance et, de ce fait, 180 postes de travailleurs sociaux, avait suscité la colère de ces derniers (voir Le Postillon n°20). Si bien que Vallini, le président du conseil général, avait proposé une série de réunions de travail pour les associer à l’élaboration du nouveau schéma départemental.
Mais les salariés ont vite vu les limites de cette proposition. « Ces réunions, c’est de la foutaise, du mépris à l’intelligence collective. On ne nous demande pas nos observations professionnelles », explique un représentant syndical qui témoigne anonymement, ajoutant que l’intérêt de ces réunions est surtout, pour le conseil général, de pouvoir mettre en œuvre son plan économique en prétendant avoir l’aval des professionnels.
L’annonce faite par le conseil général de l’Isère de supprimer 300 places en foyers dans le cadre de la protection de l’enfance et, de ce fait, 180 postes de travailleurs sociaux, avait suscité la colère de ces derniers (voir Le Postillon n°20). Si bien que Vallini, le président du conseil général, avait proposé une série de réunions de travail pour les associer à l’élaboration du nouveau schéma départemental.
Mais les salariés ont vite vu les limites de cette proposition. « Ces réunions, c’est de la foutaise, du mépris à l’intelligence collective. On ne nous demande pas nos observations professionnelles », explique un représentant syndical qui témoigne anonymement, ajoutant que l’intérêt de ces réunions est surtout, pour le conseil général, de pouvoir mettre en œuvre son plan économique en prétendant avoir l’aval des professionnels.
Le dernier numéro d’Isère Magazine semble conforter cet avis (1). Le conseil général y lance un un appel vibrant afin de recruter 150 familles d’accueil pour « accueillir un enfant en danger ». Les neuf pages intérieures sont là pour susciter l’émotion, évoquant selon les dires d’une accueillante le « plus beau métier du monde ». Brigitte Périllié, vice-présidente du conseil général en charge de l’enfance en danger et de la famille affirme : ce métier « fait appel aux plus nobles qualités de l’être humain : la générosité, l’ouverture d’esprit, l’altruisme ». Un encart pose la question ultime : « Avez-vous la vocation ? » Une pleine page est consacrée aux valeurs morales de Vallini qui voudrait « faire de la lutte contre la maltraitance des enfants une grande cause nationale ». Une fois subjugué par ces élans presque religieux, il suffit de lire la page qui explique comment postuler.
Il n’est rien dit des limites de ce dispositif mais ce n’est pas le rôle d’un organe de propagande. Or, « la famille d’accueil est un outil super s’il a été réfléchi en amont par une équipe éducative en fonction de là où en est l’enfant » poursuit le délégué syndical. « En revanche, quand on systématise sans réfléchir la famille d’accueil sous prétexte que ça coûte moins cher, le risque c’est que les gamins fassent exploser ces familles ». Un étudiant de l’IFTS (Institut de formation en travail social) développe : « La famille d’accueil ce n’est pas adapté à tous les enfants, il faut que ce soit un outil parmi d’autres. Ça peut placer l’enfant dans une situation de conflit de loyauté, car avoir une « deuxième famille » implique de reconnaître la défaillance de sa propre famille, ce qui est un problème insoluble pour certains. Et puis il y a des gamins dans une telle souffrance que les avoir 24h sur 24 c’est compliqué. Ils ont besoin de professionnels qualifiés (psychologue, éducateur, psychomotricien, infirmière, etc) pour pouvoir mener une reconstruction lente. J’ai connu une structure où sur douze enfants placés en famille d’accueil sur un an, neuf sont revenus. » Et il conclut : « De manière générale, dans le secteur de la protection de l’enfance, on n’est pas en manque de familles d’accueil mais plutôt de places en structures ». Et les places manquent tout particulièrement pour les mineurs étrangers isolés, c’est-à-dire les enfants et jeunes migrants, « ceux dont on ne parle jamais, et qui seront les premiers visés par ces fermetures ». Peut-être « parce qu’ils ne votent pas et n’ont pas de lobby pour les défendre » comme le déclare André Vallini (2) ?
(1) Isère Magazine n°136, juin 2013
(2) André Vallini souligne page 25 que si « les violences faites aux enfants sont trop souvent un angle mort de la politique », c’est « peut-être parce qu’ils ne votent pas et n’ont pas de lobby pour les défendre »