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« Ramassis de petits bourges arrogants donneurs de leçon » : toi-même

Cette même lettre anonyme nous a permis de découvrir avec joie la prose d’Alan Confesson à notre égard. Ce monsieur de 27 ans est depuis mars 2014 conseiller municipal et conseiller communautaire, c’est-à-dire une grande « personnalité politique », comme il se présente sur son compte Facebook. Ce qui est sûr, c’est que ce membre du Parti de Gauche est en colère, comme il a tenu à le faire savoir par mail à ses collègues élus.
« Notre situation, c’est juste du pain béni pour les anarcho-
totoïdes du Postillon. Ça les fait juste jouir, ces types, de pouvoir démontrer que le PG c’est des faux rouges et les verts, des faux verts (les élu-e-s citoyens étant juste des abrutis manipulés, ou, au mieux, des ambitieux qui sont allés là où il y avait de la lumière)... Le plus terrible dans tout ça c’est que certains dans nos propres rangs semblent avoir la même zone érogène que ce ramassis de petits bourges arrogants donneurs de leçons. C’est terrifiant... Je suis juste incapable de comprendre comment des personnes issues de notre rassemblement sont capables de balancer des infos aussi importantes avec des gens qui fantasmes [sic] quotidiennement notre échec. À croire que pour certains, tout ça n’est qu’un jeu en définitive. Il faut absolument tout casser, briser les dynamiques alternatives, pour dire après ‘‘génial, c’est trop bien, y’a plus aucun espoir, on est vraiment dans la merde jusqu’au cou, ouéééééé’’. Ce sont bien entendu les mêmes qui chantaient partout il y a encore quelques jours que Tsipras n’irait jamais au bout, qu’il finirait par se coucher devant l’Europe et les banques... Manque de pot il s’avère au bout du compte qu’ils ont tort ! »

A ce stade de lecture, il nous faut préciser que le mail a été envoyé le 28 juin dernier, soit quinze jours avant que le premier ministre grec Tsipras ne relance un énième plan d’austérité dans son pays et se « couche devant l’Europe et les banques »... En lisant ce mail après coup, on en est presque gêné pour ce pauvre Confesson. Mais qu’il se rassure : ni le renoncement de Tsipras, ni les tartufferies de Piolle ne nous font jouir - on a des plaisirs beaucoup plus sains. La marche du monde en général nous attriste, et nous pousse, depuis notre loupe grenobloise à essayer de la raconter et de la critiquer de la manière la plus pertinente. Les faux espoirs font beaucoup plus de mal aux partisans d’une vie libre que l’esprit critique, qu’on tente d’utiliser de manière la plus adéquate envers la municipalité grenobloise comme les autres institutions. Poursuivons :
« Au milieu du champ de ruines, le Postillon, principal média d’opposition à notre municipalité de sociaux-traîtres, s’érigera bien sûr en grand défenseur de la vérité vraie, fier qu’il sera d’avoir envoyé à l’inquisition ceux qui aurons (sic) fait croire qu’on peut opposer autre chose à la société capitaliste que des discours de gauchistes surannés aussi lassants qu’un vieux disque rayé. Et dans nos rangs, les indics de ce torchon flamboyant claironneront, après avoir distribué toute leur panoplie de poignards dans le dos, ‘‘on vous l’avait bien dit hein !’’. Je finis par avoir vraiment le sentiment de battre des bras dans l’air pour rien. À quoi bon se battre contre nos ennemis quand il y a parmi nous tant de fêlons qui dépensent autant d’énergie à percer des trous dans la coques pour nous emmener tous par le fond ? Moi je vous l’dis, si on rempile pour un second mandat, j’enverrai un bon gros ‘‘fuck’’ à tout ces gens !!! »

Il faut reconnaître à Confesson que lui ne produit pas des « discours de gauchistes surannés aussi lassants qu’un vieux disque rayé ». Sa prose trop swag aussi passionnante qu’un MP3 rempli de tubes de Bénabar vise avant tout à intimider ses collègues « lanceurs d’alerte » - comme disent les écolos-gauchistes à propos des « indics » quand ils trahissent les méchants qui les emploient. Mais, c’est vrai qu’au lieu de vouloir les jeter au goulag, il promet juste de leur envoyer un « bon gros fuck ». C’est à ce genre de détail qu’on peut reconnaître les bienfaits de l’évolution des pratiques communistes.