Accueil > Décembre 2020 - Janvier 2021 / N°58

Que fleurissent mille Buisserate

C’est comme on avait dit : à l’intérieur de Sylvain Laval, nouveau maire de St-Martin-le-Vinoux, il n’y avait rien (voir Le Postillon n°48, 54 et 57). Maintenant y a-t-il au moins la honte ? Au premier jour du second confinement, le terrassement des jardins de la Buisserate a commencé au petit matin. Ces terres agricoles préservées au milieu d’un quartier populaire étaient défendues depuis deux ans par un collectif d’habitants et de militants écologistes de l’agglomération. Des opposants bien seuls, même pas soutenus par les élus écolos à la Métropole appartenant au groupe majoritaire, qui n’ont jamais ouvert leur gueule à ce sujet. Le jour du terrassement, ces derniers ont préféré s’indigner de l’effacement d’une piste cyclable sur les quais de l’Isère (dû au même Laval fraîchement nommé vice-président de la Métro aux déplacements). Rien n’est irréversible dans cet effacement, alors que les arbres arrachés à la Buisserate ne repousseront pas.
Quand le premier tractopelle entre sur le jardin ce lundi 2 novembre, des voisins et quelques militants avertis en catastrophe tentent de s’interposer et d’accrocher des banderoles mais il y a plus de CRS que de manifestants. Quelques-uns partent en garde-à-vue pendant sept heures pour non respect du confinement et sont relâchés dans l’après-midi. C’est fou ce qu’on peut faire comme dégâts pendant une simple garde-à-vue : à leur retour tous les arbres sont à terre. Ils avaient mis un demi-siècle à pousser. S’il faut quelques heures pour raser cinquante années de jardinage, la justice prend par contre beaucoup plus de temps pour revenir sur ses erreurs. Les sept militants ayant juste tenté d’occuper le jardin au mois de septembre (sans aucune dégradation) subissent toujours un contrôle judiciaire extrêmement strict digne de l’antiterrorisme (interdiction de se voir, de sortir entre 20h et 7h même hors couvre-feu ou confinement, obligation de chercher du boulot, etc).
Suite à l’invasion des tractopelles, la terre végétale a été évacuée et même vendue : pourquoi ne pas tirer des bénéfices de ce qu’on anéantit ? Pendant ce temps le gouvernement annonçait une aide de 300 millions d’euros pour aider les communes à dépolluer des friches industrielles afin d’en faire plein de trucs, dont des « espaces de nature en ville  ». Hé Sylvain Laval, si t’as vraiment pas honte demande le pognon pour planter des arbres ! Faire et défaire c’est toujours travailler.