Accueil > Avril-Mai 2017 / N°40
Promoteur, mon amour…
Cela fait trois ans que le Rassemblement de Piolle a chassé les socialistes de la place. Pendant la campagne électorale, ils s’étaient élevés plusieurs fois contre les pratiques urbanistiques de la bande à Destot, trop favorable aux promoteurs. Mais depuis, ils égalent voire surpassent leurs prédécesseurs.
Cela fait trois ans que le Rassemblement de Piolle a chassé les socialistes de la place. Pendant la campagne électorale, ils s’étaient élevés plusieurs fois contre les pratiques urbanistiques de la bande à Destot, trop favorable aux promoteurs. Mais depuis, ils égalent voire surpassent leurs prédécesseurs.
Rappelons les faits. En juin 2012, pour empêcher les recours des riverains contre ses projets immobiliers, Destot avait fait voter une modification au PLU (Plan local d’urbanisme). Il avait introduit la notion de « limite cadastrale élastique », permettant de ne pas trop tenir compte de la largeur des rues pour déterminer la hauteur des immeubles. En clair, il avait assoupli les règles pour permettre aux promoteurs de construire bien haut s’ils avaient envie.
Cela avait été un peu laborieux puisqu’il avait fallu recourir à une procédure d’enquête publique un peu trop voyante et longue. La communication tardive du rapport avait d’ailleurs permis aux écologistes de l’époque de moquer abondamment le sens particulier que les socialistes donnaient à l’expression « sans délai » (article de l’Ades du 15/06/2012).
Mais aujourd’hui les écolos font beaucoup plus fort. Depuis quelques mois, ils manigancent pour supprimer dans le règlement du PLU tous les motifs de recours gagnés par des habitants ces dernières années. En prétendant « ajuster » et « clarifier » certains éléments de ce règlement sur des « aspects avant tout qualitatifs » (sic !), ils veulent surtout rendre la vie plus facile aux promoteurs. Par exemple, une des modifications proposées a pour conséquence de réduire la quantité d’espace végétalisé obligatoire par parcelle… Comme diraient certains « #on avance » !
Non contents de rendre service à leurs « nouveaux » amis, ces grands amoureux de la démocratie participative ont aussi opté pour une procédure express loin de toute co-construction ennuyeuse : la « modification simplifiée ». Pas d’enquête publique, juste un recueil d’avis déposé dans un coin de l’Hôtel de Ville. La question pourra ainsi être réglée en un peu plus de deux mois. Pourquoi prendre le risque de susciter un vrai débat dans la population ou d’avoir un avis négatif d’un commissaire-enquêteur désigné par le Tribunal administratif ? C’était bien pratique pour contester le tunnel sous la Bastille, mais maintenant que les Verts sont au pouvoir, ils voient manifestement la question sous un autre angle.
Enfin, en toute discrétion, la bande à Piolle a fait voter le 3 février 2017 le lancement de cette petite modification directement par le conseil de la Métro sans passer par la case conseil municipal, un bon moyen pour éviter toute publicité inutile. Ajoutez au dispositif, une absence totale d’information ou de mise en ligne du dossier de modification sur le site web de la Ville de Grenoble et vous êtes sûrs de pouvoir compter le nombre de Grenoblois informés sur les doigts de vos deux mains.
Ainsi la plupart des conseillers municipaux grenoblois ignorent encore aujourd’hui que le PLU de leur ville est en train d’être modifié. Seule une dizaine de membres de la commission municipale Ville durable ont, eux, appris au cours d’une information que « les promoteurs étaient en difficulté et qu’il fallait les aider »…
Lors de la première conférence de presse de campagne du 28 janvier 2014, Piolle dénonçait « une ville sous l’emprise de la spéculation immobilière ». Il avait rebaptisé la rue de Villard-de-Lans, rue « BNP Paribas », avec Raymond Avrillier, la figure tutélaire, et ses copains révolutionnaires du Parti de gauche… Désormais, il a trouvé sa place au côté des promoteurs, ne dénonce plus « la négociation avec les spéculateurs [qui] se fait derrière des portes fermées, pendant qu’on joue aux habitants une pièce de théâtre appelée “concertation” ». Une négociation secrète que Piolle met aujourd’hui tout simplement en œuvre.