Piolle et Bensaid, les deux révolutionnaires qui font rêver les maternités
Il y a peu, Piolle se présentait comme un combattant acharné contre la vente de la clinique mutualiste de Grenoble à Bernard Bensaid, surnommé le « Bernard Tapie du médico-social ». Mais depuis, il est entré en campagne présidentielle : pour gagner en popularité, il est prêt à tout. Le 5 mai, pour soutenir la grève nationale des sages-femmes à l’occasion de leur Journée internationale, Piolle a choisi d’offrir un Facebook Live d’une demi heure à la directrice de la maternité de cette même clinique mutualiste.
Préparée de longue date par deux membres de son cabinet Enzo Lesourt, alias « son deuxième cerveau », et Hugo Beguerie, chargé du social (les contribuables grenoblois contribuent eux aussi à la campagne du candidat Piolle), cette visite guidée a permis à la directrice de vanter à plusieurs reprises les mérites de l’établissement et de son nouveau propriétaire mais aussi du maire-et-futur-mais pas-encore-candidat. La directrice a ainsi lourdement insisté pour dire que « notre directeur général, M. Bernard Bensaid, a financé 23 000 € et grâce à cet apport on va pouvoir acheter 6 lits doubles en plus ». Loué soit le saint homme qui permet quasiment sur ses deniers personnels « aux pères de venir dormir contre leur femme » ! Le pompon a été atteint quand à la fin de la visite elle explique que « l’écologie et les naissances ne font qu’un, la sage-femme protège la terre-mère, fait de la santé environnementale, elle éduque les familles, elle leur explique ce qu’il faut manger (…). Nous c’est notre combat ici à Grenoble c’est vraiment que cette maternité elle soit un petit peu avant-gardiste, révolutionnaire et si on a des gens à notre côté pour nous permettre d’avancer comme Eric Piolle, comme notre directeur général qui nous soutient actuellement et qui nous permet de rêver… » Pour un peu on se serait crus à un meeting des Verts : Piolle et Bensaid présidents ! C’est donc ainsi que finit la « poursuite de la mobilisation » à laquelle nous invitait Piolle contre Bensaid. Il y a moins d’un an, il dénonçait « un groupe qui n’offre aucune garantie en matière de service public de santé et qui a été épinglé à plusieurs reprises dans la presse pour ses pratiques et leur impact sur les établissements et les conditions de travail des soignants » (Le Daubé, 6/07/2020). Depuis les deux échangent les bons procédés : une vidéo à la maternité pour la présidentielle contre un redorage de blason. La course aux voix fait vraiment faire n’importe quoi.