Accueil > Octobre 2011 / N°12

Mort du GF38 : Grenoblois, tous coupables et fiers de l’être

L’année footballistique qui vient s’annonce un peu fade : on ne pourra plus avoir la petite joie simple que l’on éprouvait à l’annonce de chaque nouvelle défaite du GF38 pendant les deux dernières saisons. Fini les petits revers et grandes claques, la dernière place du classement toute l’année, les commentaires dépités de Gre City Local News, les silences gênés de la municipalité : le GF38 est tombé au fond du trou et a priori il aura du mal à creuser encore. Après une dernière place de Ligue 2 et un dépôt de bilan début juillet, le club de la capitale des Alpes se retrouve en CFA2, soit l’équivalent de la 5ème division.
Les vrais fans de foot que nous sommes ne peuvent que s’en réjouir : terminé le football professionnel et ses magouilles politico-financières, bye-bye l’actionnaire japonais Index Corporation «  inventeur du portable pour chiens  », ciao les joueurs surpayés et leurs caprices, enterrée la grosse structure qui pompe les subventions du football amateur, et bon vent aux requins qui venaient au stade pour faire des affaires.
On croyait aussi en avoir fini avec l’arrogance de certains supporters, ivres de chauvinisme et en première ligne pour défendre un stade ultra-coûteux, ultra-fliqué et ultra-inutile. Peine perdue : suite à la débâcle, certains d’entre eux, notamment des membres du Red Kaos 94, ont tenu à exprimer leur colère en déployant une immense banderole sur les murs de la Bastille début juillet : «  Mort du GF38 : Grenoblois tous coupables  ». Un message à peine culpabilisateur qui nous va néanmoins droit au cœur. Comme on aimerait être «  coupables  », «  tous  » autant que nous sommes, de cette Bérézina. Comme on aimerait porter cette responsabilité fièrement, heureux d’avoir enfin réussi à saborder quelque chose, tous ensemble, tous ensemble, ouais ouais ! Hélas, l’honnêteté nous oblige à avouer que les coupables ne sont que quelques-uns, placés principalement à la mairie. Ce sont eux qui ont injecté des millions d’euros dans le football professionnel pour mieux vendre l’image de Grenoble, qui se sont ruinés en construisant un stade, qui ont vendu le club aux nippons... À eux, donc, les honneurs.