Accueil > Oct / Nov 2012 / N°17
La Tronche, des Roms expulsés
En mai dernier, un Rom de Roumanie nous alpaguait dans la rue : « Avec le nouveau président, ça va être mieux pour nous, non ? Mieux que Sarkozy. Tu crois qu’on pourra trouver du travail ? ». Sceptique, on avait botté en touche.
Quatre mois plus tard, on obtenait la réponse : en 120 jours Hollande, Valls et leur clique ont expulsé 3000 Roms des terrains qu’ils occupaient dont 14 à Saint-Martin-Le-Vinoux et 100 à la Tronche (comptabilisation de Rue 89 le 30/08/12).
À la Tronche justement ils étaient plus d’une centaine à vivre depuis deux ans, de bric et de broc sur un terrain coincé entre Decathlon et la voie rapide. En novembre 2011, le maire UMP Hervé-Jean Bertrand Pougnand avait réussi à faire parler de lui en soutenant dans l’édito de son torchon municipal que les Roms « volaient », « se prostituaient », « agressaient verbalement les gens » et « cambriolaient ». On était allé discuter avec des Roms et leur rapporter les propos du maire, délateurs que nous sommes (lire « Hervé-Jean Bertrand Pougnand se fout de la Tronche des Roms », Le Postillon N°13). La municipalité n’étant pas propriétaire du terrain, elle peinait à obtenir rapidement une expulsion. Le 26 juillet à l’aube, le maire pouvait se frotter les mains. Une horde de policiers expulsait un à un les habitants du terrain, distribuant ça et là des OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) en laissant une centaine de personne à la rue. Ce que l’on appris de la bouche d’un sous fifre du maire, c’est qu’il s’agissait en réalité d’une action humanitaire : « Ce terrain, il fallait l’évacuer à tout prix, car il n’est pas humain de vivre dans ces conditions, sans eau potable, sans électricité, sans toilettes … Il y a des femmes, des enfants, et il n’était pas possible d’accepter cela » ! La Patate Chaude, un collectif de soutien aux Roms, s’empressait de réagir à ce cynisme et cette expulsion en déversant du purin d’ortie sur le perron de la mairie et de soulignait dans un communiqué : « l’odeur pestilentielle de la mairie de la Tronche révèle la puanteur de sa politique ».