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Création de l’OIRCT - Épisode 2
L’appel des cabines
Suite de la lutte pour la réinstallation de cabines téléphoniques
Le lancement de notre combat pour la réinstallation des cabines téléphoniques dans le dernier numéro a suscité une véritable vague d’enthousiasme. On a reçu des photos de cabines téléphoniques, des qui ont disparu, des encore vivantes mais transformées en boîtes à livres, des avec un éléphant dedans. On nous a assuré qu’il y en avait encore une en marche, à Saint-André-d’Oléargues (dans le Gard), ce qu’on peine à croire. On a reçu des morceaux de texte parlant de cabines, notamment le chapitre « appeler d’une cabine téléphonique » du livre La première gorgée de bière de Phillipe Delerm. On nous a envoyé un article sur une action d’opposants à l’installation d’une antenne 4G à Saint-Cadou (en Bretagne) qui le 1er août 2020 ont installé deux cabines téléphoniques en bois, des « extensions de lignes privées », « gratuites et à disposition pour chacun ».
C’est que chaque jour, l’étau se resserre de plus en plus pour les sans-portable. Evelyne, une Grenobloise électrosensible nous a expliqué en quoi elle nous soutient entièrement dans « cette action très intéressante sinon vitale » : « Pour diverses raisons, je suis privée de téléphonie fixe (SFR) depuis le 22 février 2021 : je suis en recherche d’un nouveau logement (pour des raisons de santé, et pour les mêmes raisons je ne peux pas avoir de mobile…) et de multiples démarches me sont rendues difficiles dans cette situation ( un véritable parcours du combattant). »
Vincent, un des sans-portable du Postillon, a déménagé : Orange lui a appris qu’il avait la grande chance de « bénéficier de la fibre ». Lui s’en foutait, il voulait juste une ligne fixe et l’Internet bas-débit. Mais la fibre n’est en fait pas négociable et nécessite l’intervention d’un technicien. Rendez-vous est donc pris, un jour entre 11 heures et 14 heures. Comme personne se pointe, Vincent va chez ses voisins pour téléphoner au service client qui lui dit que c’est de sa faute vu qu’il n’a pas répondu au SMS de confirmation envoyé la veille. Quand il explique qu’il n’a pas de portable, que c’est pour ça qu’il attend la ligne fixe avec impatience et qu’il ne peut pas répondre au SMS de confirmation de rendez-vous, le conseiller lui suggère une possibilité : acheter une carte prépayée pour pouvoir recevoir ce SMS, sinon il n’aura jamais de visite du technicien. Situation complètement kafkaïenne qui symbolise bien les absurdités du règne du portable.
Mais le combat pour les cabines concerne-t-il seulement les sans-portable ? Plusieurs lecteurs du Postillon, détenteurs d’un « simple » téléphone portable (non smartphone) et tous clients d’Orange ou de Free, nous ont signalé des problèmes de plus en plus fréquents lors de leurs appels, comme si les opérateurs voulaient petit à petit forcer leurs clients utilisant seulement la 2G à s’acheter un smartphone et passer à la 4G. Si le service client d’Orange dément toute volonté de l’opérateur, chacun constate bien au quotidien comment il devient de plus en plus compliqué de vivre avec un simple téléphone portable, comment une multitude de services est de plus en plus réservée aux détenteurs de smartphones.
Le combat pour le retour des cabines téléphoniques devient donc de plus en plus universel, symbolique pour réclamer le droit à une existence sans smartphone.
Il nous faut alors structurer notre combat, le séparer de notre journal pour le faire grandir et prospérer. C’est pour ça qu’on a décidé de créer l’OIRCT (Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques). Une naissance qu’on compte bien célébrer lors du « concert de téléphone » qu’on organise le 30 avril prochain au Rabot. Faites passer le mot !