Accueil > Automne 2021 / N°62

Grenoble ne peut pas accueillir tous les télétravailleurs du monde

« L’essor du télétravail nous a permis de troquer Paris pour Grenoble et de gagner en qualité de vie.  » Le 13 septembre, Le Point publie le témoignage du président d’une entreprise de logiciels qui vient d’emménager dans la cuvette : « Nous avons sauté le pas et déménagé cet été à Gières, une ville de 7 000 habitants, en banlieue de Grenoble. Depuis ma maison, je travaille avec une vue à 360 degrés sur les montagnes. Nous sommes passés d’un appartement de 120 mètres carrés, ce qui est déjà un luxe à Paris, à une maison de 270 mètres carrés. » C’est la magie d’Internet ! Quand on a des activités aussi utiles qu’ « analyser les feed-back des clients sur Internet, tels que leur satisfaction ou non sur les réseaux sociaux », on peut le faire de partout dans le monde, quitte à faire monter les prix de l’immobilier et empêcher les locaux de se loger. « Certains amis nous ont demandé : pourquoi allez-vous vous enterrer à Grenoble alors qu’à Paris il y a une vie culturelle et économique démente ? » C’est vrai, ça, pourquoi ? D’ici quelques mois, ce monsieur qui a prévu « d’aller à Paris tous les 15 jours pour 2‑3 jours  » se télé-plaindra certainement que le train n’est pas assez rapide et rejoindra la cohorte des patrons locaux télé-gémissant d’être à plus de 2h30 de Paris en train. Des TGV ont été sabotés pour moins que ça.