Accueil > Décembre 2017 / N°43
Des tee-shirts les plus sombres de notre histoire
Pour traquer les vrais scandales, heureusement qu’il y a de courageux lanceurs d’alerte. Le 10 juin dernier se tenait la troisième fête des Tuiles. Tout se passait tranquillement jusqu’à ce que le militant PS Benjamin Rosmini lève une infamie : au milieu du défilé, deux personnes portent un tee-shirt « boycott Israël » (rendez-vous compte !) autour d’un char trimbalant une marionnette en papier mâché, symbole de la campagne BDS (Boycott désinvestissement sanctions) – très critique envers la politique de l’État israélien. Ni une, ni deux, l’intrépide militant s’indigne sur Twitter de ce véritable scandale. Et que ça retweete, ça like, et que ça utilise des grands mots « militants de la haine », « rouge sang de cette organisation », jusqu’à faire des articles dans la presse régionale et des communiqués d’indignation sur les sites pro-Israël. On croyait que cette « polémique » ridicule allait en rester là. C’était sans compter sur le Crif-Grenoble (Conseil représentatif des institutions juives de France), qui a porté plainte ! Il l’avait annoncé juste après mais on avait cru à une blague. Lors du dîner du Crif, le 22 octobre dernier, le président Yves Ganansia a pourtant déclaré devant la ministre de la Justice : « Il faut maintenant que la justice s’active et enquête. Je tiens à remercier Monsieur Dallest, procureur général, qui a pris l’initiative le 18 septembre dernier de demander officiellement au procureur de Grenoble de diligenter une enquête. » La justice grenobloise était donc bien désœuvrée le 18 septembre. Encore plus ridicule, Ganansia s’est enflammé : « La ligne rouge de l’antisémitisme a été franchie le 10 juin dernier et nous souhaitons que ce mal de l’antisémitisme soit combattu avec force et détermination, extirpé de partout mais surtout ici à Grenoble, ville compagnon de la résistance » (Le Daubé, 23/10/2017). Tout ça pour deux tee-shirts et un char en papier mâché appelant à un boycott économique au vu de la politique israélienne... à ce rythme-là, le port du keffieh va bientôt passer pour une apologie du terrorisme. Dire que ma propre mère boycottait les oranges sud-africaines au temps de l’apartheid ! Mandela, reviens, ils sont tous devenus cons.