Des idées pour la gauche #2
C’est à ce genre de constats qu’on perçoit toute l’efficacité des pouvoirs publics. Cet été, une trentaine de Roms habitaient dans des cabanes sur un terrain le long de la piste cyclable reliant la rue de la Stalingrad et la MC2. En septembre, après avoir déplacé ses occupants, la municipalité grenobloise a détruit toutes les cabanes pour éviter que d’autres sans-abri les occupent (voir Le Postillon n°7). Six mois plus tard, plus d’une centaine de Roms se retrouvent sur ce même terrain, à dormir sous tente cette fois, dans la boue et le froid. Mais à quelques jours des élections cantonales, ça fait désordre, surtout qu’ils sont un peu trop près de la rue de Stalingrad, donc trop visibles. Alors la mairie les déplace deux cent mètres plus loin, à l’endroit où ils allaient faire leurs besoins, coincés entre deux buttes de terre. Sursaut d’humanité : des employés municipaux installent des toilettes, distribuent quelques tentes et palettes et mettent du gravier pour résorber la boue. Toujours embarrassée devant l’inhumanité de la préfecture, qui ne propose que des camions de CRS en réponse au problème des demandeurs d’asile, la mairie de Grenoble balance, depuis cet été et le « discours de Grenoble », entre laisser-faire, répression et aide.
Il paraît que la gauche manque d’idées. Le Postillon rappelle gracieusement aux socialistes locaux que - outre les multiples « petits » lieux vacants - quelques grands bâtiments de la ville sont vides (comme les bâtiments de l’IGA ou de l’Institut Dolomieu sur les pentes de la Bastille) ou presque à l’abandon (comme le Stade des Alpes ou le Palais des Sports, inutilisés 340 jours par an) et pourraient accueillir les nombreux demandeurs d’asile et sans-abri dormant dehors. Ceci pourrait permettre à Grenoble d’honorer sa réputation, attribuée gentiment par La Croix (26/11/2010), de « laboratoire social de rang national ».