Après huit ans et deux mois de règne à la tête de la MC2 de Grenoble, Jean-Paul Angot a tiré sa révérence le 31 décembre dernier (voir notre article dans Le Postillon n°53). La semaine précédente, il avait fait ses adieux en « distanciel » à la cinquantaine de salariés de l’ex-Cargo dans un mail grandiloquent alternant poncifs (« ma foi inébranlable en l’art, et tout particulièrement le théâtre et le spectacle vivant » : sans compter celle en la subvention publique ?), déni (« il ne s’agit pas d’un départ mais de la fin d’un mandat » : les tutelles qui ont réussi à le faire sauter suite à un ultime mandat calamiteux apprécieront la nuance) et règlement de compte (où il fait mine de se boucher le nez face à des « articles de presse perfides », se vantant d’avoir résisté à des « secousses plus ou moins fortes », comme la grève historique des personnels en 2017).
à défaut de laisser son nom à la postérité, le patron déchu, dernier dinosaure culturel de la gauche destotienne, aura réussi un ultime tour de passe-passe, en se refaisant une virginité financière grâce aux aides étatiques accordées durant la crise sanitaire. Lavé de toute dette, son bilan comptable profitera sans doute aux ambitions artistiques du successeur d’Angot, Arnaud Meunier, auparavant à la tête de la Comédie de Saint-Étienne. Mais le vieux renard n’allait pas laisser le jeune loup entrer si facilement dans la bergerie.
Primo, Meunier, pourtant nommé (et payé) par le ministère de la Culture dès le 23 juillet 2020, a été invité par Angot à ne pas se présenter à la MC2 avant le 31 décembre minuit. Sacré couvre-feu dis donc. Deuxio, Angot lui a laissé un petit cadeau : la titularisation d’une directrice des ressources humaines, très au fait des enjeux du spectacle vivant puisqu’elle vient du secteur automobile. Et très au fait des méthodes de management puisqu’elle est déjà célèbre parmi les employés de la MC2 pour sa fameuse « fable de la grenouille », qu’elle leur a raconté lors de sa présentation. On vous la résume : il était une fois une grenouille qui n’avait réussi à avancer que parce qu’elle était sourde à toutes les paroles de ses collaborateurs. Ça vend du rêve de la part d’une DRH censée gommer la gestion traumatique des années Angot.