Ce n’est pas la grande forme au PS 38 (parti socialiste isérois), où seulement 700 militants sur 1 800 sont allés voter fin mai pour choisir l’orientation de leur parti. En Isère comme ailleurs, les effectifs diminuent à vue d’œil et le PS concentre désormais une impressionnante proportion d’anciens élus. Selon une militante socialiste qu’on appellera Amandine, certains affirment même avoir « du mal à boucler les fins de mois » (on en aurait la larme à l’œil). Là où ça grince, c’est que d’autres sont toujours bien lotis, et qu’ils ne partagent pas trop le gâteau. Le symbole de ces cumulards est la jeune Amélie Girerd, protégée de l’ancien président du conseil général de l’Isère André Vallini (voir Le Postillon n°29), qui cumule pas moins de quatre fonctions importantes : conseillère départementale, maire de Renage, conseillère communautaire de la communauté de communes de Bièvre-est, et chef adjointe de cabinet du sous-ministre André Vallini. Cet emploi du temps surchargé, et les indemnités qui vont avec (au moins 10 500 euros brut par mois) font forcément grincer des dents parmi les militants ou anciens élus. Amandine balance : « depuis la parution de l’article du Postillon sur les dernières magouilles de Vallini, les langues se délient au sujet de son “système”. Outre les arrangements sur ses postes d’assistant ou conseiller, certains militants sont de plus en plus agacés par le détournement des moyens du Département dont Renage a pu bénéficier lorsqu’Amélie Girerd était à la fois élue de cette commune et collaboratrice d’André Vallini au département de l’Isère. Soumis à de fortes contraintes pour obtenir ne serait-ce que quelques centaines d’euros de subventions départementales, ces élus n’hésitent pas à manifester leur dégoût. Les crédits ont afflué à Renage et ce, au détriment de toute équité territoriale, tout comme à l’époque féodale. Il faut dire qu’Amélie Girerd y est allée fort : en six ans (2008-2014), près de 340 000 euros de subventions départementales ont été alloués à sa petite commune de Renage (3 600 habitants), afin de multiplier les investissements communaux, prouver son dynamisme et gagner des voix ! […] Son cumul d’aujourd’hui passe donc d’autant plus mal : par principe, un poste de conseiller auprès d’un membre du gouvernement implique une disponibilité permanente à laquelle Amélie Girerd déroge toutes les semaines. Alors que ses collègues du secrétariat d’État sont bien souvent d’astreinte et également amenés à travailler le dimanche ou les jours fériés, la jeune trentenaire se paye le luxe de travailler seulement deux ou trois jours par semaine à Paris tout en percevant une rémunération correspondant à un emploi à plein temps. » Un autre « copain d’avant » de Vallini, Orod Bagheri, a su profiter de son amitié pour vite retrouver un gros salaire après la déroute électorale. Alors que quasiment tous les collaborateurs politiques socialistes ont perdu leur emploi suite à la perte du département, lui a eu plus de chance : ce jeune homme de 67 ans vient d’être nommé membre de son cabinet au ministère en tant que « conseiller ». Seule la lutte des places paye !