Aurélien Barrau, communicant de Piolle
Misère de la presse de « transition ». Kaizen est un magazine fondé par le colibri Cyril Dion et qui a l’ambition de « construire un autre monde, pas à pas ». Avec des luttes politiques, en se battant contre les inégalités sociales ? Non non : le magazine se veut « 100 % positif » et pense « qu’il ne peut y avoir de réelle métamorphose de nos sociétés sans un profond changement de ceux qui la constituent : nous » (in méditation we trust). Le dernier numéro (mai-juin 2019) propose une interview croisée d’Eric Piolle et d’Aurélien Barrau, astrophysicien grenoblois et « nouvelle figure de l’urgence climatique ». La « météorite médiatique » n’en finit pas de briller dans les médias malgré son intention répétée de limiter ses interventions publiques.
Qui est allé interroger ces deux grands hommes ? Un journaliste de la rédaction ? Un spécialiste des questions écolos ? Pas du tout : l’interview a été réalisée par Richard Gonzales, journaliste à… Gre.mag, le journal de propagande municipale. Forcément, le résultat est flatteur pour les deux personnalités. Si Barrau raconte souvent des choses intéressantes (sur la nécessité de la décroissance ou la folie de la course à l’innovation), il n’a aucun esprit critique sur l’action de Piolle et de la mairie grenobloise. Et d’enchaîner les louanges : « Éric Piolle a tenté pas mal de choses », « Je ne sens pas de tension entre la position d’Éric Piolle et la mienne. J’ai même un peu honte de me comparer à lui parce qu’il est dans l’action depuis bien plus longtemps que moi ». L’action de Piolle est pourtant bien éloignée des « mesures radicales » prônées par Barrau pour limiter le réchauffement : elle accompagne le capitalisme vert et la fuite en avant technologique avec des mesures comme les zones à faible émission (voir Le Postillon n°48). Aurélien Barrau cherche-t-il une place sur la prochaine liste aux municipales ?