Accueil > Décembre 2020 - Janvier 2021 / N°58
La noix connectée
Aledia
C’est la grande fierté grenobloise du moment : une nouvelle usine va être créée dans la cuvette. Ça se passe à Champagnier, sur les anciens terrains ultrapollués de Poliméri, usine chimique fermée en 2005. Après le caoutchouc, ce sont maintenant des diodes électroluminescentes qui vont être produites dans les bâtiments prochainement construits par Aledia, une start-up bien de chez nous issue du CEA Grenoble. Créée il y a neuf ans à Minatec, cette boîte possède déjà depuis l’année dernière des locaux à Échirolles où elle emploie une centaine de personnes en recherche et développement. Le but de la future usine sera d’industrialiser une « nouvelle génération de diodes électroluminescentes qui utilisent des nanofils en nitrure de gallium déposés sur des plaques en silicium ». Et pour quoi faire ? Ces leds visent à « accroître la brillance des écrans de smartphones, de tablettes, de montres connectées, d’ordinateurs, de télévisions », et surtout s’insérer dans un marché mondial potentiel de 150 milliards de dollars en 2022. Pour l’instant rien n’est sûr car Aledia a de nombreux concurrents. « Notre premier chiffre d’affaires sera soit de zéro euro, soit de plusieurs centaines de millions d’euros » s’enorgueillit le PDG Giorgio Anania. Une incertitude qui n’a pas empêché les millions d’euros de se déverser, une levée de fonds récente ayant permis d’en récolter 80. Faut dire que les équipements high-tech coûtent un bras, Aledia affirmant vouloir investir « 100 millions d’euros dans l’équipement en machines » de ce site. Vu que la start-up annonce vouloir créer 550 emplois, l’argent public ne manque pas à l’appel, la région Auvergne Rhône-Alpes ayant octroyé une garantie d’emprunt de 6 millions d’euros, tout comme Grenoble Alpes Métropole et le Département de l’Isère.
Mais en quoi la production d’Aledia va-t-elle être utile à l’humanité ? Le but ultime de ces nouvelles leds semble être « d’améliorer le confort de lecture et de visionnage en plein soleil ». C’est là qu’on mesure l’urgence d’investir tout ce fric, le soleil étant une des dernières barrières à une vie entièrement passée derrière des écrans, ces nouvelles Leds vont permettre de contourner ce terrible obstacle au règne absolu du virtuel.
Quitte à créer une usine, pourquoi ne pas produire des choses véritablement utiles, qui sont actuellement conçues à l’autre bout du monde ? À quand une usine de fabrication de vélos, comme feue Libéria fermée en 1996 (voir Le Postillon n°26) ? Pour pouvoir profiter du soleil, sans écran, avec des objets qui n’ont pas fait des milliers de kilomètres avant d’être utilisés.