Accueil > Avril / Mai 2016 / N°35

Début de fronde contre les compteurs intelligents

Linky êtes-vous ?

À en croire ses promoteurs, le nouveau compteur électrique « intelligent » Linky possède de nombreux avantages pour les particuliers. Il permettra par exemple à tout un chacun, et à ERDF ou la police, de tout savoir sur sa consommation électrique. Et pourtant, dans la cuvette grenobloise comme ailleurs, de plus en plus d’habitants tentent de résister à la pose de ce compteur qui a débuté depuis décembre dernier. Le Postillon est parti à leur rencontre.

C’est le genre d’invitation qu’on aimerait recevoir plus souvent. « Salut Le Postillon. On est le collectif No Linky de Pont-de-Claix. On a fait un rassemblement contre les compteurs Linky il y a dix jours et demain on a un rendez-vous avec le maire Christophe Ferrari. Si vous voulez venir, vous êtes les bienvenus. »

Bien sûr qu’on veut venir ! Il se trouve que la veille, on avait reçu deux « citations à comparaître » de la part de Ferrari et de sa directrice de cabinet Yveline Denat (voir page 4). La perspective de partager un petit moment avec eux nous réjouissait donc grandement.

Ce mercredi 9 mars, je me retrouve donc dans la salle du conseil municipal de Pont-de-Claix, entouré de deux membres du collectif No Linky, une quinzaine d’habitants, une journaliste du Daubé, monsieur Ferrari, madame Denat, le premier adjoint Sam Toscano et un autre membre du cabinet. Ça aurait pu être drôle de révéler mon appartenance au Postillon, mais pour ne pas nuire à l’objet de la réunion, je décline un pseudo et affirme appartenir au collectif No Linky.

(Vous me voyez bien embêté pour vous raconter ce moment : vu que Ferrari et Denat ont l’air un poil sensible à tout écrit critique les concernant (voir page 4), je ne voudrais surtout pas les froisser une seconde fois). S’ensuit une heure et demi d’échanges passionnants avec Ferrari et ses subordonnés. Ce maire est véritablement merveilleux, il écoute les habitants avec une attention hors du commun, parle avec une franchise et une intelligence rares et n’agit qu’en fonction du bien-être de ses habitants (vous voyez je fais des efforts). à peine a-t-on pu percevoir quelques fois un certain usage de la langue de bois et l’utilisation de techniques politiciennes fréquentes : faire croire qu’il n’a pas d’avis sur le sujet, couper la parole au milieu d’un argumentaire d’un opposant, fuir sa responsabilité de maire sur la métropole, puis celle de président de la métropole sur le Sedi (syndicat des énergies du département de l’Isère), s’agacer quand une contradiction est mise en avant (le fait qu’il faudrait suspendre l’installation des compteurs pour pouvoir informer et débattre de leur pertinence), se retrancher derrière l’avis d’experts (et voilà ça recommence : c’est dur de tenir dans la durée). On peut également noter une absence de répondant quand les interrogations autour du nouveau compteur intelligent se sont retrouvées incarnées par les paroles d’une mère s’inquiétant pour la santé de ses quatre enfants depuis l’installation du Linky. Sur ce coup-là, Ferrari a juste pu dire piteusement qu’il comprenait. Mais quand elle lui a demandé ce qu’il comptait faire alors, il a noyé le poisson. Idem quand certains des habitants présents ont fait un parallèle entre l’assurance des « experts » d’ERDF sur l’absence de risque pour la santé des Linky, et les discours officiels portant sur l’amiante il y a trente ans (dans les usines chimiques de Pont-de-Claix, l’amiante a fait des ravages). La réunion s’est donc terminée en eau de boudin, Ferrari ne s’engageant à rien pour répondre aux demandes du collectif et des habitants, ni à suspendre l’installation des compteurs, ni même à donner une véritable information aux habitants (voilà c’est fini, vous noterez que je n’ai pas trop dérapé, je n’ai même pas parlé d’Yveline Denat, qui revenait tout juste de ses deux mois et demi d’arrêt maladie consécutifs à l’article du Postillon, d’ailleurs elle n’a rien dit de toute la réunion).

Ce qui m’a le plus surpris, c’était le profil des habitants présents. Des personnes lambda, plutôt âgées, pas le genre qu’on croise à des réunions militantes sur des sujets comme le Linky. Saïda, la dame qui s’est inquiétée pour ses enfants, porte un voile et habite un appartement du quartier populaire des îles de Mars. Je me suis rendu chez elle quelques jours après, elle m’a montré le compteur nouvellement installé en se désolant : « Il y a eu un courrier annonçant qu’il y allait avoir des nouveaux compteurs, sans plus d’explications. Et puis un jour, ils sont venus les installer sans prévenir et sans nous demander quoi que ce soit : mon compteur est dans la cage d’escalier, alors je n’ai rien pu faire ». Heurtée, elle est donc allée au rassemblement devant la mairie le 24 mars, puis au rendez-vous avec le maire. Elle tente aussi de faire signer une pétition contre le compteur, comme à sa voisine du dessus : « Même s’il est déjà installé chez nous, il faut montrer notre refus pour éviter aux autres de l’avoir ». La voisine s’excuse de ne pas parapher le document : « Désolée, je ne comprends pas bien le français, je vais en discuter avec mon mari ».

Comme Saïda, ils sont des milliers dans la cuvette grenobloise et en France à s’inquiéter de l’arrivée de ce compteur, pour des raisons sanitaires, financières ou de préservation de la vie privée (voir plus loin). Du Pas-de-Calais à la Gironde, des Côtes-d’Armor jusqu’au Vercors, des dizaines de regroupements d’habitants inquiets se sont créés. Début avril, une soixantaine de communes avaient pris des délibérations ou adopté des vœux pour refuser ou suspendre l’installation des compteurs. Partout, des particuliers envoient des lettres recommandés à ERDF, collent des autocollants ou refusent d’ouvrir aux installateurs des compteurs.

Ça fait longtemps que je m’intéresse au compteur Linky : j’avais déjà écrit un papier dessus en avril 2011 (Le Postillon n°10), qui expliquait le rôle central joué par Atos Worldgrid, une boîte grenobloise, dans la conception de ces compteurs. L’année dernière, j’avais pondu un autre article (Le Postillon n°29), après l’annonce de l’installation d’une usine de fabrication de compteurs à Fontaine. Mais si je trouvais que l’avènement de cet objet est symptomatique de certains travers de notre époque et qu’il était donc pertinent d’apporter du grain à moudre à sa contestation, je n’aurais jamais cru que son installation allait susciter une véritable opposition, et mobiliser des personnes non-militantes. Heureusement, des fois on peut se tromper.

Jusqu’à cet automne, l’opposition au Linky était assez faible. Plusieurs associations (comme Next-Up, Robin des toits ou Ccarra, se battant contre les antennes relais) avaient pris position contre. Des écrits critiques circulaient sur la toile. Dans la région grenobloise, plusieurs centaines d’affiches avaient été collées par le collectif Stop Linky 38, et plusieurs réunions publiques organisées. Je m’étais rendu à la dernière, cet automne, à la maison des associations, qui n’avait pas été très stimulante : pas grand monde, des prises de paroles longues et ennuyeuses, aucun élan.
Et puis depuis décembre, les compteurs commencent à être installés à Échirolles, Fontaine, Saint-Martin-d’Hères et Pont-de-Claix. Et contrairement à ce que je croyais, plein d’habitants n’ont pas accepté ce changement aussi facilement que l’espéraient ERDF et les promoteurs du Linky.

Thierry et Benoît (pseudos) font partie du collectif No Linky de Pont-de-Claix. Ils ne se connaissaient pas avant décembre dernier. Benoît raconte : « Quand j’ai reçu la lettre annonçant l’arrivée des compteurs, ça m’a énervé. J’en ai discuté avec des personnes autour de moi et une amie m’a dit que Thierry était lui aussi bien énervé. Alors on s’est rencontrés et on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose ». Commence alors un travail militant de longue haleine. Ils écrivent des lettres de refus à ERDF, auxquelles ils reçoivent des réponses variées. Benoît : « Moi j’ai envoyé la lettre à ERDF et ils m’ont répondu ‘‘ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas le Linky’’. Thierry a eu comme réponse : ‘‘vous allez devoir payer dix-neuf euros par mois pour les relèves à pied’’. D’autres reçoivent ‘‘vous avez pas le choix, désolé’’. Mes parents par contre n’ont jamais reçu de réponse. » Il semble que face aux premières lettres de refus, ERDF faisait preuve d’une certaine magnanimité et accordait aux récalcitrants le droit de refuser. Devant leur multiplication, ils ont apparemment changé de stratégie et alternent menaces erronées (personne ne devra payer dix-neuf euros par mois pour les relèves à pied) et imposition forcée en assénant « vous n’avez pas le choix ». Le fameux « il n’y a pas d’alternative », alors que pour l’instant aucune sanction n’est prévue pour ceux qui refusent le Linky.

En plus d’envoyer des lettres, Thierry et Benoît vont dans de nombreuses montées d’immeuble de leur ville pour coller des affiches et faire signer une pétition. Ils reçoivent un bon accueil : « La plupart des personnes ne sont pas informées sur le Linky. Après, quand on leur explique, soit elles s’en foutent, soit elles sont contre. Personne n’est pour, en tous cas à Pont-de-Claix ». Avec leurs petits moyens, ils organisent un premier rassemblement, le mercredi 24 février après-midi, qui rameute cinquante personnes. Ça vous paraît peu ? Pas moi. J’ai jamais entendu parler de manifestations à Pont-de-Claix, peut-être y en avait-il dans le temps, en tout cas c’est passé de mode. Alors réunir cinquante personnes - dont 90 % sont de simples habitants, pas des habitués de causes militantes - c’est quand même une belle performance.

Une belle performance, mais qui ne change rien. Si Ferrari a reçu le collectif, c’était simplement pour essayer de les endormir, pas pour prendre en compte leurs demandes. Leur seule satisfaction : le maire de Pont-de-Claix a reconnu le droit à chacun de refuser la pose des compteurs, information que Thierry et Benoît s’empressent de diffuser. Mais en sortant de la mairie, ils se disent qu’il faut récidiver, continuer à s’activer pour stopper l’installation des compteurs. Rapidement émerge l’idée d’une nouvelle manifestation à Pont-de-Claix, qui réclamerait cette fois l’arrêt de l’installation des compteurs dans toute la métropole. La date est fixée au samedi 2 avril.

Normalement, je fais juste des articles, de loin, dans un rôle plus ou moins confortable de simple « observateur ». Mais je les trouve courageux, ces deux-là, à essayer de faire bouger les choses depuis leur petite ville de banlieue, à déployer tant d’énergie pour essayer de convaincre leurs voisins. Alors, une fois n’est pas coutume, je décide de mouiller un peu la chemise et de les aider. Écriture de tract, maquette, impression. Cette bataille contre le Linky pourrait paraître dérisoire, à l’heure de la « guerre contre le terrorisme », du retour des manifestations de masse ou des #NuitDebout. Je la vis pourtant comme une bonne bouffée d’air, parce qu’elle brasse des gens différents et parce qu’elle vient mettre un grain de sable dans la machine bien huilée du progrès-qu’on-n’arrête-pas.

« Il faut qu’on réseaute », lance Thierry. Réseauter, c’est-à-dire créer des liens avec toutes les autres personnes qui s’activent contre le Linky dans le coin. Et ça ne manque pas : la commune de Saint-Nizier-du-Moucherotte a adopté une délibération refusant l’installation des compteurs. À Eybens, le conseil municipal a émis un vœu demandant à la Métropole de suspendre le déploiement des Linky avant l’arrivée d’études complémentaires. À Claix, le maire a envoyé une lettre au président de la métropole Christophe Ferrari pour lui demander une « campagne d’information » de la part de la métropole.

Et puis il y a plein d’individus, qui se battent dans leur coin. Diego est de ceux-là : ce retraité est farouchement opposé aux nouveaux compteurs. « Un installateur est venu une première fois, je lui ai dit non. Il a téléphoné, je lui ai redit non. Il est revenu en insistant, là je me suis énervé ‘‘tu ne rentres pas ici’’. Il m’a dit qu’il était ouvrier, qu’il n’y était pour rien. Je lui ai dit de dire à son chef de venir, depuis je ne les ai plus revus. J’ai envoyé une lettre recommandée au maire pour lui exprimer mon refus, mais il ne m’a jamais répondu. Ça m’a coûté quatre euros quand même ! » Dans ce quartier du sud de Saint-Martin-d’Hères, beaucoup de ses voisins ont également refusé. Guy nous raconte : « Un habitant nous a informés alors on a fait un papier dans le journal de l’union de quartier. Un élu a relayé nos interrogations au conseil municipal. Et puis on a dit qu’il y avait des lettres types de refus à venir chercher à l’union de quartier. Plus de cent habitants sont venus en prendre ». Diego argumente : « C’est du gaspillage ! Mon compteur a toujours très bien marché. Je ne vois pas pourquoi on en changerait ». L’installation des compteurs Linky relève en effet d’un phénomène encore plus innovant que l’obsolescence programmée. On change des objets fonctionnant très bien, ayant une durée de vie importante (entre quarante et soixante ans) par d’autres bourrés d’électronique, à la durée de vie beaucoup plus courte (autour de quinze ans a priori). C’est le progrès, comme on dit.

Dans toutes les communes où les compteurs ont commencé à être installés, des personnes refusent individuellement, sans qu’on en entende parler. Manu habite à Echirolles : « Quand j’ai reçu la lettre, je ne savais pas ce qu’était le Linky. J’ai écrit à un collectif qui m’a donné un argumentaire. Je l’ai photocopié et distribué autour de chez moi. J’ai réussi à convaincre le responsable du conseil syndical de la copropriété. Alors quand ils sont arrivés pour les installer, on les a chassés. Sur vingt-deux appartements, seulement trois ont accepté. »

Jean-Pierre vit dans une petite copropriété, dans le quartier du Néron à Fontaine : « Un jour, sans prévenir, des installateurs sont rentrés dans la montée en se faisant ouvrir par une personne âgée qui ne comprend pas grand-chose. J’étais chez moi et j’ai entendu que ça brassait dans le couloir. Je suis sorti et on s’est bien pris le bec : j’ai dû les mettre dehors physiquement. Si je n’avais pas été chez moi, ils auraient mis les compteurs dans toute la copropriété sans demander notre avis. J’imagine qu’ils ont fait une bonne partie du quartier, comme ça, en catimini. »
Des histoires comme ça, il y en a des dizaines. D’autres n’ont pas pu refuser. Thérèse, Echirolloise, les a « entendus qui gratouillaient dans le couloir », mais « c’était trop tard, ils les avaient déjà installés. Moi j’en veux pas, j’ai déjà des problèmes de santé, j’ai un cancer ». D’autres personnes malades sont aussi effrayées par l’arrivée du Linky. Annie (pseudo) aurait bien aimé venir au rassemblement du 2 avril, mais elle n’a pas pu : elle est électrosensible et ne peut pas se retrouver au milieu de plein de personnes utilisant leur téléphone portable. Elle a envoyé un long texte intitulé « SOS d’une personne électrohypersensible dans l’Isère » pour qu’il soit lu pendant la manifestation. Extrait : « Les compteurs Linky, Gazpar, compteurs d’eau à radiofréquences utilisent des ondes électromagnétiques artificielles élevées plusieurs fois par jour toute l’année. Celles-ci se cumulent aux ondes déjà existantes. (…) Ces compteurs mettent en danger ma santé. En plus des risques d’incendies, des factures abusives pour la même consommation et de l’intrusion dans la vie privée. Je n’ai jamais utilisé le portable et le wifi de façon importante, pourtant mon organisme est gravement dégradé à cause des ondes électromagnétiques artificielles (antennes relais 3G, 4G, Wifi, Wimax,...). L’uniformité physique, physiologique et biochimique n’existe pas, sinon nous serions tous des clones. Il y a toujours des limites à respecter et celles-ci sont inévitablement différentes d’un individu à l’autre. (...) »

Face au début de fronde, ERDF prend soin de ne pas ralentir le rythme d’installation, pour ne pas laisser le doute et la contestation s’installer. Une fois que des millions de personnes les auront chez eux, il sera beaucoup plus difficile pour les autres de les refuser. Tout se joue maintenant : pour Thierry et Benoît, il est donc urgent d’obtenir l’arrêt de l’installation sur la métropole.

C’était le but du rassemblement du 2 avril. Des milliers de tracts distribués, des centaines d’affiches collées et au final : cent quarante personnes selon Le Postillon. Une petite déception pour Thierry et Benoît, qui espéraient plus, tout en étant contents d’être plus nombreux que pour le premier rassemblement. Moi je trouve ça quand même pas mal : je répète qu’on est à Pont-de-Claix, désert contestataire, à un moment où la mobilisation contre la loi travail prend beaucoup d’espace médiatique et militant.
Encore une fois, le profil des participants est assez étonnant. On retrouve par exemple Marie-Claire, Pontoise depuis quatre-vingt sept ans. « Mon compteur a été changé, mais je ne voulais pas. Spontanément, quand je vois ça moi je me dis tout de suite que ça va faire une suppression de personnel. J’ai eu un tract, mais il n’était pas signé. Moi je ne viens pas aux rassemblements si je ne sais pas qui organise. Alors j’ai appelé des élus communistes, et ils m’ont dit qu’ils avaient rencontré les organisateurs. Sinon je ne serais pas venue. » Comme elle, plein d’habitants se demandent « qu’est-ce que je dois faire, maintenant ? »

C’est une très bonne question. Pour faire grandir localement le mouvement d’opposition, Thierry, Benoît et quelques autres réfractaires ont prévu une véritable manifestation, le samedi 30 avril prochain, cette fois au centre-ville de Grenoble. Le rendez-vous est donné place Félix Poulat à 14h, toujours pour demander l’arrêt de l’installation. Il faut essayer de frapper fort, parce que les compteurs sont en train d’être installés et parce qu’en face, ils disposent de l’artillerie lourde (voir page 7 ).
Envoyer des lettres de refus, c’est bien. Venir à la prochaine manifestation encore mieux. Mais pour que cette contestation aboutisse, il faudra certainement faire preuve de plus d’ingéniosité. Toutes les idées sont les bienvenues.

Linky est-ce que c’est ?

Le Linky est un compteur « intelligent » ou « communicant » qui est censé remplacer tous les compteurs électriques d’ici 2021. C’est ERDF (Electricité réseau distribution de France), qui organise l’installation de ces compteurs et s’assure de sa promotion. Selon la communication d’ERDF, le gros avantage de ce compteur pour le particulier serait de pouvoir « suivre sa consommation sur un site internet, mieux la comprendre et agir pour la maîtriser ».

Linky s’y frotte s’y pique

Ce qui est bien avec le compteur Linky, c’est qu’il y a vraiment plein de choses à lui reprocher. Tout le monde peut s’y retrouver.
Outre le côté financier (le coût de plus de cinq milliards d’euros sera reporté sur les factures des usagers), beaucoup d’opposants mettent en avant les raisons sanitaires, étant donné qu’on ne connaît pas les effets à long terme des ondes électromagnétiques utilisées par le Linky. Quand certains spécialistes assurent qu’elles seraient « potentiellement cancérigènes », les experts payés par ERDF assurent qu’il n’y a aucun risque. Le Postillon ne prendra pas part dans ce débat, même si on ne peut qu’être méfiant devant l’assurance et l’arrogance des mêmes experts qui ont toujours nié ou minimisé les dangers de l’amiante, du nucléaire ou des pesticides.
Outre ses potentielles retombées sanitaires, le Linky est surtout symptomatique de l’arnaque que représente la fameuse « transition énergétique ». Est présenté comme quelque chose d’ « écologique », le remplacement de millions de compteurs fonctionnant très bien par des compteurs plus sophistiqués qui auront forcément une durée de vie moindre, et qui consomment beaucoup plus d’énergie. L’intérêt serait de pouvoir mieux « gérer » sa consommation électrique : mais a-t-on besoin de ça pour savoir qu’un radiateur consomme beaucoup ou qu’il faut éteindre les appareils en veille ? Comme tout objet intelligent, le Linky rend les humains stupides. Plus grave, il collecte énormément de données personnelles sur la consommation électrique de chacun, et contribue à l’avènement de la « ville intelligente », où chaque geste est une information à collecter et à traiter (voir article page 9).
Dans un document, ERDF explique : « Le programme Linky a pour ambition de créer un standard mondial de l’industrie du comptage évolué. Pour y parvenir, ERDF a bâti un système évolutif utilisant des technologies de pointe, capables de gérer de très importants flux de données. Nous ne sommes encore qu’aux prémices de l’exploitation de toutes les potentialités de ce compteur : Big Data, usages domotiques, objets connectés... L’installation des compteurs communicants bénéficiera à l’ensemble de la filière électrique. Le programme Linky est suivi de près par les acteurs majeurs du secteur de l’énergie : fournisseurs, distributeurs, producteurs, équipementiers, startups… ». Les véritables bénéficiaires du Linky ne sont donc pas les citoyens mais des entreprises commerciales (équipementiers, start-up, …) ou la police, qui pourra profiter de l’exploitation de toutes les données recueillies par le Linky.

Linky est contre ?

La fronde contre les compteurs Linky s’étend progressivement à travers la France. Au 10 avril, plus de 84 communes avaient délibéré ou émis un vœu contre les compteurs Linky. Le site http://refus.linky.gazpar.free.fr/ recense les refus, décortique la communication et les manœuvres d’ERDF, et donne des billes aux réfractaires.

Linky les installe ?

Dans l’agglomération grenobloise, trois entreprises sont chargés de les installer : GMV Industrie, basée dans le Nord-Isère, Solutions 30, basée à Villard-Bonnot et Airria, basée à Meylan.